Google, dis-moi comment penser. Facebook, dis-moi comment parler !

A l’heure où l’Europe envisage de remettre entre les mains des géants du web les clés du filtrage à priori de l’internet (lutte contre la diffusion de contenus à caractère terroriste, directive copyright) il peut être intéressant de se pencher quelques instants sur le comportement de ces algorithmes.

Il y a quelques jours, on célébrait “la journée de la visibilité lesbienne”. Si vous faites une recherche Google avec le mot “Lesbienne”, vous serez surpris de constater que : Lesbienne = pornographie. Chez moi, il faut attendre la 20ème réponse pour trouver un lien vers wikipédia !

Il est donc aisé de constater ici que l’algorithme de Google associe ce mot à la pornographie, reproduisant en cela, comme le suggère Véronique Godet (co-présidente de SOS Homophobie) dans un article de Libération, “le caractère patriarcale” de notre société : “La sexualité entre les femmes n’existe pas pour les hommes, puisque seul l’homme peut apporter le plaisir.”

L’algorithme ne ferait donc ici que reproduire les travers de notre société !

Toujours à partir du même exemple, intéressons-nous aux réactions de l’algorithme de Facebook. Comme le rapporte Numérama, la version française de facebook a récemment refusé au mouvement au mouvement SEO Lesbienne d’ouvrir un compte.

“Ce nom d’utilisateur n’est pas disponible. Il comporte des mots qui ne sont pas autorisés sur Facebook”

Ainsi donc, la solution aux maux de notre société serait de confier à des algorithmes issus de ces grandes entreprises la responsabilité de décider ce qui est “bien” ou “mal”, en l’exemple que “Lesbienne ” n’est pas un mot autorisé puisqu’il s’agit de pornographie !

“Des gens décident comment le code va se comporter. Des gens l’écrivent. La question n’est donc pas de savoir qui décidera de la manière dont le cyberespace est régulé : ce seront les codeurs.

La seule question est de savoir si nous aurons collectivement un rôle dans leur choix – et donc dans la manière dont ces valeurs sont garanties – ou si nous laisserons aux codeurs le soin de choisir nos valeurs à notre place. . / . » L.Lessig

Ne laissons pas les codeurs de ces entreprises décider pour nous de comment nous devons penser, des mots que nous pouvons ou non utiliser, nous enfermer dans un monde “prêt à penser”.

Nous avons su, par le passé, repenser des modèles, proposer de nouvelles formes d’actions qui ont pu agir sur la transformation de la société telle que nous la défendons. Un nouveau défi s’offre à nous, nos méthodes, nos pratiques, nos démarches sont à même de faire en sorte que ce futur numérique s’inscrive dans une volonté de changement et de progrès social préparé par tous.

Pascal Gascoin, Chargé de mission “Libre-Éducation nouvelle” CEMEA.

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